l’appelait du geste, agitait les bras, se livrait à une pantomime variée ; quand on inclinait la tête, — signe convenu pour indiquer qu’il n’y avait pas d’étrangers à la maison et qu’il pouvait entrer si bon lui semblait, — alors seulement le vieillard ouvrait sans bruit la porte, souriait joyeusement, se frottait les mains de satisfaction, et, marchant sur la pointe des pieds, se rendait tout droit à la chambre de Pokrovsky. C’était son père.
Plus tard, j’appris en détail toute l’histoire de ce pauvre homme. Jadis il avait servi quelque part ; dépourvu de tous moyens, il occupait dans la bureaucratie l’emploi le plus infime, le plus insignifiant. Après la mort de sa première femme (la mère de l’étudiant Pokrovsky), il s’avisa de se remarier et convola avec une bourgeoise. Dès lors tout fut mis sens dessus dessous chez lui ; la nouvelle épouse ne laissa de repos à personne et tint la main haute à tout le monde. L’étudiant Pokrovsky n’était alors qu’un enfant de dix ans. Sa belle-mère le prit en haine. Mais le sort favorisa le petit Pokrovsky. Le propriétaire Buikoff, qui avait connu l’employé Pokrovsky et qui lui avait fait du bien autrefois, prit l’enfant sous sa protection et le