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LA RELIGION DES CELTES

les plus curieux sont les autels trouvés à Paris en 1710, et conservés au musée de Cluny. Une des faces de ces autels représente un dieu à tête humaine ornée de deux cornes de bélier ; le nom gravé au-dessus de la sculpture est Cernunnos. Une autre face représente un bûcheron abattant un arbre et porte le nom d’Esus. Une troisième face est ornée d’un taureau sur lequel sont perchés trois oiseaux ressemblant à des grues, deux sur le dos, un sur la tête du taureau ; le fond du bas-relief est constitué par des feuillages ; l’inscription porte tarvos trigaranus qui s’explique facilement par l’irlandais tarbh, le breton tarv taureau ; l’irlandais et le breton tri trois ; le breton et gallois garan grue, et signifie le « Taureau aux trois grues. » Sur une quatrième face est figuré un homme barbu armé d’une massue dont il menace un serpent. On y lit le nom gaulois Smertullos[1]. Les autres faces des autels portent Jupiter, Castor, Pollux et Volcanus.

On a rapproché les diverses figures de ce monument des représentations analogues. L’autel de Reims nous offre un dieu assis, les jambes croisées, pressant de la main droite un sac d’où s’échappent des graines que mangent un cerf et un taureau figurés à la partie inférieure du bas-relief, ce dieu a sur la tête des bois de cerf ; à sa droite est un Apollon ; à sa gauche un Mercure. Ce dieu à caractère semi-humain semi-bestial se retrouve sur le chaudron de Gundestrup conservé au musée de Copenhague. On peut y comparer le dragon à tête de bélier qui orne des autels ; tricéphales, la face latérale de la niche d’un Hermès et le chaudron de Gundestrup[2] ; et peut-être, dans l’histoire mythique de l’Irlande, les Fomoré, antagonistes des Tuatha Dê Danann et peuple enva-

  1. H. d’Arbois de Jubainville, Revue archéologique, 1900, 10 p. 66-74.
  2. A. Bertrand, op. cit., p. 315-317, 368, planche XXX.