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LA RELIGION DES CELTES

en Gaule par les marchands et les légionnaires romains ? Rien ne nous permet de le déterminer. Il faut prendre garde, aussi, que des statuettes artistiques peuvent ne pas avoir la signification religieuse que nous leur prêtons. Quand il s’agit de peuples anciens, nous sommes disposés à attacher une signification mystérieuse et symbolique à tous les objets d’art et à tous les détails d’ornementation. Personne ne s’aviserait aujourd’hui d’étudier les formes de nos bijoux, les dessins de nos vêtements et de nos meubles, les sculptures décoratives de nos maisons et d’en tirer des conclusions sur notre état religieux. Quand il s’agit de l’antiquité, au contraire, tout devient matière à hypothèse mystique, et l’histoire de l’art est absorbée par l’histoire des religions. Une statuette qui ne porte pas le nom d’un dieu peut fort bien n’avoir jamais été l’objet d’aucun culte.

Les monnaies ou les médailles gauloises peuvent offrir des représentations de dieux ou de symboles religieux sans qu’il soit souvent possible d’attribuer avec sûreté ces représentations à la religion des Celtes[1].

On peut rechercher dans quelques noms de lieux les noms de divinités celtiques sous la protection desquelles on aurait mis une citadelle nouvellement fondée. Mais comme les noms divins ont été de bonne heure employés pour désigner des hommes, on peut se demander souvent si au lieu d’un dieu ce n’est pas plutôt d’un homme à nom divin que tel ou tel lieu tire son nom. On se tromperait beaucoup si l’on croyait que tous les anciens Mercuriacus de France, devenus aujourd’hui Mercuray, Mercurey, Mercoirey, Mercury sont dérivés du nom de dieu Mercurius. Ils proviennent plus vraisemblablement du gentilice romain

  1. Voir des articles de A. de Barthélémy dans la Revue numismatique, 1884, p. 179-202, et dans la Revue Celtique, t. 1 p. 306-319 ; XII. 309-316.