Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/15

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Des le berceau vn dru eſſein d’Himéte,
Aiant brouté tout le mont des neuf ſeurs,
AiAſsis ſur ta tendre bouchete,
AiT’enyura d’attiques douceurs.
Et peu apres (comme à cete Pandore
Chacun des Dieus, mais par deſtin meilleur)
ChChacune fille de Memore
ChTe donna ſon plus de valeur.
Mais ce mur ſens dont les cieus te comblerent
Auant le poil, ces eſprits ſi raſsis,
AuQui n’ayant que vint ans ſemblerent
AuEn auoir plus de trente ſis.
Maiſtres touſiours de ta ieuneſſe ſage,
N’ont permis oncvn ſeul trait de ta main
N’En choſe laſsiue ou volage
N’Sur la carte eſtre coulé vain.
Car, ſ’il t’a pleu de ton ancre t’ébatre,
Peignant ou Grec, ou François, ou Latin,
PeTu ne t’es point fait Idolatre
PeD’vn œil brun ni d’vn rond tetin.
Ou l’immortel, en qui ſeul ſe confie
Tout ſage cueur, ton ſuget a eſté,
ToOu d’antique filozofie
ToAs défoui quelque ſaint traicté.
Rouan encor en letres d’or conſerue
Les graues chans de doctrine ſucrés,
LeQue l’enfance de ta Minerue
LeÀ la mere vierge a ſacrés.