Les Lis flouris, les Palmes glorieuſes,
En ont eſté hors du Carme couuent,
Par tes Muſes victorieuſes
Iuſqu’icy raportez ſouuent.
Et quantefois tes ſaintes comedies
Ont rauy Dieppe a l’entour ſe foulant,
Mathieu fournier ſes melodies
Si douces y entremélant ?
Telle a eſté l’erbe nouuelle & tendre
Le vert printems de tes eſpris naiſſans :
Mais à quant nous fais tu atendre
Ces fruis derriere meuriſſans ?
Cedés Romains, cedés poëtes d’Ellade,
Cedés Tuſcans, & nos François auſsi :
Ne ſçay quoy plus que l’Iliade
S’en va tot éclorre d’icy.
Et, ce pendant cruellement ſe ioüe
De mes eſpris ce petit Diable-Dieu,
Qu’ores ie blame, ores ie loüe,
Et ne veut ouir mon adieu.
Ses primes ans, ſi vray les liures diſent,
Enamoura le celeſte Platon :
Et de luy encore ſe diſent
Les tranſis baiſers d’Agathon.
Mais tot aprés, volant bien d’autres ailes,
Et d’autre amour aueque l’age épris,
Saillit aus choſes eternelles,
Et en Dieu ferma ſes eſpris.
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