Mais tous ébas, ma Sibille, conuiennent
À nos ans vers, ans trop bref limités :
Et d’amour en pardon nous viennent
Les aueugles temerités.
Ces Grés menteurs (ſi plus en eſt memoire)
Aprés la mort, ie ne ſçai ou la bas,
Aus bonnes femmes faiſoient croire
L’orreur de mille étranges cas.
Mais Radamant, Cerbere, Tiſifonne,
Stige, Acheron, ſonges d’hommes creintifs
Pieça plus n’éfritent perſonne,
Que quelques enfans bien petis.
Or, dis-tu foi, ce que ton age tendre,
Sous le Latin d’vn vicaire étolé
Te fit promettre, ſans l’entendre,
À qui pieça l’a violé ?
Auant les ans, vne Nonne bigote
Ne peut le monde à iamais abiurer,
Ne peut, de ſon ame deuote,
Sous-age, le long veu iurer.
Auant les ans, ni garſon ni pucelle
Leur propre bien ne peuuent étranger :
Pouuois-tu en chaine éternelle.
Ta ieune franchiſe engager ?
Ce qu’à paſsé la ſimpleſſe ignorante
De l’age moindre, eſt tenu pour non fait :
Et y a loi vous ſecourante,
Qui tout cela caſſe & defait.
Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/26
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.