Vierge, honteuſe & trop peu ferme encores
Pour reſiſter à tes rudes amis,
Ce que tu contredirois ores,
Lors par force tu le promis.
Ta main trembloit, paſſant ceſte promeſſe,
Et bégaiant ta langue te vendoit,
Car, le cueur, ma ſeule richeſſe,
Touiours mien reſter entendoit.
Amour lui méme ourdit noſtre aliance,
Ains que bien nés le Soleil nous eut veus :
Et par ſa ſure préſcience,
De loin l’vn à l’autre étions deus.
Que vaut ſans lui vne foi contractée ?
Quelle promeſſe, à ton aduis, te tient ?
Amour pour toi la retractée,
Et ceſt homme à tort te detient.
Peus-tu baiſer ce rechigné viſage,
Qui de ſa vie vn ſous-ris ne ſongea ?
Peus-tu embraſſer ce vieil age
Sepulture & terre deia ?
Et moy ton cueur (ſi fauſſe tu ne iures)
Moy ſi diſpos, moy de trois fois neuf ans,
Moy coïfé des ſaintes verdures,
Qui couronnent les frons ſauans,
En vain ie cours, ia deus Olimpiades,
Tiers de mes ans, apres tes rares pas :
Chante en vain Sonnets & Ballades,
Et oubli’ repos & repas.
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