Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/3

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d’epigrammes amoureus en ſon premier age. Car telle imperfection ne merite moins eſtre excuſee en vn homme ieune, que la verdeur & ſurté en vn fruit non mur. Quant à cete nouuelle cõpoſition de Frãcoiſes Elegies, à la miẽne volonté que quelque eſprit plus eureus ſ’y fut bien emploié deuant moy, lequel auroit, peut eſtre, inuẽté quelque vers & nombre plus propre & mieus raportãt au diſthique elegiaque. Car, quant à moy, voiãt la facon vulgaire de nos vers eſtre plus courte que l’exametre & pentametre, & la dificulté de meſurer deux lignes Francoiſes capables de ſentence entiere & parfaite, ainſi que ſe trouue ordinairement le ſens clos en vn diſthique : Ie confeſſe que mes dois n’ont ſceu, pour cete heure, tordre fil plus propre à lier & aſſembler fleurs elegiaques que ces petis quatreins de vers inegaus.

N’aiant toutefois delibéré me tant complaire ny oſtiner en ma propre inuention, que ie ne la laiſſe & quite treſ-uoluntiers ſi tôt qu’il en ſortira d’autre main quelcune meilleure. Au demeurãt, ie ne doute auſsi, qu’entre mes rimes ne ſe trouuent pluſieurs termes, qui ſentẽt à pleine bouche ce terroir de Normãdie, veu que i en ſuis né, & y ay tant de temps eſté nourry. Mais auec ce qu’iceus termes m’ont ſemblé autãt ou plus propres & ſignifiãs, qu’autres quelconques d’ailleurs, l’affection que chacun naturellement doit porter à ſa patrie, ainſi que i'eſpere, m’en excuſera. Car l’amour que i ay à ce lieu de ma naiſſance, m’en fait plaire non ſeulemẽt le langage, qui n’eſt que bon : mais parauenture auſsi quelques vices. Et ne