Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/64

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Droit à ſon front la mutine Angleterre
Tremblant, nous voit le long du ſalé bort,
TrQue nos ayeuls vindrent conquerre,
TrCes blons ſoudars du gelé Nort.
L’Eſpaigne ſobre & la Flandre iuroigneſſe,
Qui ça & là nos eaus vouloient tenir,
QuOnt ſenti de quelle ieuneſſe
QuVn port de Dieppe peut fournir.
Mais maintenant, puisque tréue paiſible,
Iuſqu’à cinq ans a reſtuyé nos dars
IuſPuisque chanter nous eſt loiſible,
IuſCe pendant que dormira Mars,
Nos deſtres mains, en lieu de lance fiere,
La plume douce à l’ennui meneront,
La Et, en lieu de trompe guerriere,
La Les Muſes deuant ſonneront.
Phebus touiours ſon arc doré n’entéze :
Touiours ne fait Mars ſa pique branler,
ToL’vn quelque fois ſa Venus baiſe,
ToL’autre ſa lire fait parler.
Aſsés Neptune & ſon écaillé gerre,
Sous nos canons dans leur fons ont tremblé,
SoAſsés nos mers teintes de guerre
SoLa rouge d’Egipte ont ſemblé.
Douze deus fois ces grans hourques dépites,
N’i a qu’vn an, en maint captif eſcu,
N’iContre peu de nos naus petites,
N’iPerdirent leur Aigle vaincu.