Mainte foreſt dans l’eau méme en fut arſe,
Maint Eſpagnol & maint Flamen rótis,
Et mainte ame en ſon ſang eparſe,
Sur l’azuré champ de Tetis :
Or, à ſon tour, Apollon nous récrée :
Tout lui voüons ce bien eureus loiſir :
Toute ceſte tréue eſt ſacrée
À ſon dous-honneſte plaiſir.
Et toutefois,ni les trauaus d’Alcide,
Ni d’Amphion les haus murs enchantés,
Ni l’ainé, ni le ieune Atride,
Ici ne ſeront point chantés.
La vieille Gréce en fables abuzée,
Et ſans raiſon tels monſtres ſe forgeant,
Son Hipocréne a toute vſée
En bourdes qu’elle alloit ſongeant.
Mais nous, ô Dieu, nous ta gent reconnue,
Nous par ta grace aſſeurés d’vne foi,
Fondés en ta vérité nue,
Chanter ne deuons rien que toi.
Auſsi, Seigneur, toute la France eſt pleine
De ton ſeul nom, & de tés ſaints aimez :
L’vn à te pſalmoder met peine,
L’autre tes martirs a nommés.
L’vn mieus l’honneur de ton Iſraël corne,
Que du fin Grec ſon aueugle n’écrit,
L’autre tout l’Ercule retorne
Aus ſacrés geſtes de ton Chriſt.
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