Et tout cela, & autre iniure meinte,
Libre & hautain, comme i’etoye alors,
Oſai bien lui dire ſans feinte,
Dédaignant vn ſi petit cors.
Mais, l’afetté, plus i’uſoi de colére,
Plus il rioit : Il tira ce pendant,
Et ſenti ſa fléche legere
Ains que l’euſſe apperceu bendant.
Pren, Cupidon, pren de mes vers la reſte,
Trenche-les tous, longs ou cours à ton gré,
Pourueu qu’vn peu moins me moleſte
Ce fer chaut dans mon cueur ancré.
Or m’eſcuſés, fontes vomiſſes flammes,
Chateaus flotans, & gendarmes nageurs,
Excuſés moi vaillantes ames,
Qui vos cors laiſſates veinqueurs.
À dieu vous di, ia trop ſuis vain & bléme,
Pour aſsés haut voz prouëſſes corner.
Chanter me conuieint pour moi méme,
Ains mes chans en larmes tourner.
Si quelque vois, bien que foible & chetiue,
Encor ſe peut de mes poumons tirer,
I’ay dequoy, contre Amour pleintiue,
La faire à iamais ſoupirer.
Mais l’oncle mien, ce Mifant docte-ſage,
Qui mieus defend ſa conſtance que moy,
Et onq’à ce tiran volage
N’obligea le neu de ſa foy.
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