Page:Doucet - Campagnards de la Noraye (d'après nature), 1918.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —

apostrophe infernale, avec des tremblements de fureur ; les yeux, noirs et petits, mais perçants et pointés, chacun, d’une petite taie blanche, prenaient leur angle de strabisme iroquois et, mêlant leurs reflets fauves aux éclairs glauques des épaisses lunettes, semblaient chercher l’animal assez audacieux, criminel pour venir déranger dans leur travail consciencieux et digne, les deux êtres les plus tranquilles de la terre : si quelque chose de vivant et de responsable de ce désastre, désastre toujours réparable, fut apparu devant sa face, quel gros mot d’abordage n’eut-il pas proféré pour prouver son dégoût.

Oui, plus il se choquait plus ses dents tachetées de jaune et de noir par la nicotine de son brûle-gueule avaient la rage sinistre, elles voulaient mordre quelque chose.

Les doigts sarmenteux de cet homme indiquaient alors l’horizon ou les grèves, on eut dit, à certains esprits malins ; sa gorge se crispait sur