Page:Doucet - Campagnards de la Noraye (d'après nature), 1918.djvu/64

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ère toute neuve ; Durand, instinctivement, alla se frotter les doigts en face de la pauvre cheminée éteinte ; la brise d’automne s’y engouffrant, comme souffle du passé mort et froid, rappela au vieillard qu’il n’y avait plus de feu : les maisons comme les cœurs ne se réchauffant pas dans l’abandon.

Un faisceau de trois allumettes éclaire la cave vide et toute noire comme un gouffre ; au grenier, un vieux râteau reposait couché sur les entraits ; rendu dans sa chambre, la plus éloignée du chemin, Durand éteignit vivement sa pipe, comme s’il se fut cru obligé de ne pas fumer où Léocadie, défunte depuis 6 ans, ne fumerait plus, et décrocha l’unique petite image qui pendait au mur, — c’était bien sa dernière visite — et, comme pour ne pas se laisser emporter dans des pensées de regret, il referma bientôt porte et fenêtre avec précaution et lenteur, en disant : « il faut savoir le tour de prendre son ouvrage. » Un