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yeux rougis, en ajoutant tout de suite : « Non, c’est le vent et c’est le sable. »

Il voulut se rendre jusque sur « L’aut’ Coteau » et prit le chemin qu’il s’était autrefois, ô, bien autrefois, tracé à travers la savane, mais des repousses et de grandes tignasses de fougère lui montaient jusqu’aux hanches, il se découragea et rebroussa chemin, en brisant un tout petit rameau de cèdre qu’il éleva au-dessus de sa tête, comme pour saluer la terre qu’il ne devrait plus revoir, se retourna et marcha à pas pesant jusqu’à son puits dont il but un peu d’eau, en disant : « c’est un verre de bonne boisson, la meilleure du monde, bien sûr, il me revient à une piastre, — le prix de son voyage, aller et retour en bateau, de Lanoraie à Montréal — c’est vrai, mais que de bien il fait à ma santé. »

Ensuite il enleva son gilet et alla le secouer sur le seuil de sa porte où il fit une courte prière de son invention : « Mon Dieu, je vous remercie de