la vie. J’ai compté mes pierres que votre beau soleil a réchauffées et que la neige a bien des fois refroidies. Moi aussi je suis une pierre, une pierre qui parle, mais qui ne pleure pas, parce que tout ce que vous m’avez fait, c’était du bien et de la bonté. Il y a soixante-cinq ans que vous m’avez donné cette terre-là, je vous la redonne, ma grange aussi, ma maison aussi, mon tas de pierres aussi. »
Louis Durand fit le signe de la croix, reporta le seau à Rondeau, sans se retourner une seule fois vers sa terre qu’il donnait à Dieu, mais on le vit qui enfonçait, tant qu’il pouvait, son grand chapeau mou sur son énorme chevelure plate, coupée en balai.
Durand n’avait pas eu trop de toute sa journée pour revoir comme il faut sa terre ; un seul morceau de pain, qu’il avait enveloppé dans un coin de gazette, avait suffi à le nourrir simplement avec son verre d’eau.