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LA GRAND’PINIÈRE


Passé le bois prochain, vient la « Grand’Pinière » qui n’a plus de pins ; des champs de seigle ont remplacé les bois verts géants ; à gauche et à droite cette plaine fuit à perte de vue avant la côte sablonneuse, avant la savane. Le bon silence accompagne l’immense clairière, aux heures nocturnes. De loin en loin, une lueur de feu follet s’élève mystérieusement, tant que la neige ne couvre pas le sol. La légende, corroborée par certain vieillard que j’ai connu, veut que ces lumières dans l’ombre indiquent des trésors cachés par d’anciens soldats des armées françaises, avant la cession du pays (1763). Un bosquet de cyprès y renaît dans un coin de champ jadis labouré ; j’ai vu ces arbres naissants, longs comme les doigts de la main.