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LA RIVIÈRE SAINT-JEAN


À Jos. St-Charles, artiste peintre


La rivière Saint-Jean, étroite et serpentante
Sur son lit d’humus noir qu’ombragent les foins verts
Et des talles d’osier où la brise, au travers,
Berce des nids légers qui palpitent, qui chantent,

La rivière Saint-Jean est noire. Et ses eaux lentes,
Au doux remous moiré, s’ornent de nénufars.
De loin en loin la foulque y chasse les têtards :
Quelque outarde et canard sauvages y fréquentent

Et, lorsque vient le soir, au couchant radieux.
Pensifs et recueillis sur le velours soyeux.
Tous ces beaux nénufars pieux, brillants et jaunes

Parmi des pleurs de lune et des rêves bénis,
Comme aux jours très lointains, au silence des aulnes.
Semblent des lampes d’or sur des deuils infinis.