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tour de ceux-ci au village. Des ours, pas peureux, rendaient quelquefois visite, sans invitation aucune, incongrûment, à nos braves colons. Un soir Barthel accourait au cri de son cochon qu’un ours s’efforçait de convaincre à le suivre dans le bois en le tirant trop fort, à belle dent, par l’oreille : « Tondu, tondu, » s’écriait Barthel, « tu gagneras pas : on va toujours voir lequel de nous deux est maître ici, » en retirant à lui le pauvre animal qu’il engraissait depuis un mois, « tu ne l’auras pas encore. » Et l’ours découragé devant la ténacité du maître lâchait enfin sa proie.

Ô cette forêt, cette savane toute proche, avait ses mystères.

Voici la clairière, l’horizon s’élargit du sud au nord : une prairie naturelle se balance à la brise, prairie traversée de sa petite Rivière St-Jean.