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Et nous reprîmes le chemin de ligne et marchâmes jusqu’à la côte de la Grand’Pinière, heureux dans un amour de vivre, de respirer l’air pur et vivifiant et dont s’était rassasié, jadis, l’imparfait mais si vaillant Moïse Joessin.

Car la grandeur des hommes n’est pas toujours dans la réussite de la vie : les grands hommes se rendent vainqueurs de bien des circonstances ; mais il arrive aussi que de grandes circonstances soient maîtresses des meilleurs lutteurs.

Moïse Joessin, je te salue, je suis heureux d’évoquer au moins ton souvenir ! Toi le renié, l’abandonné dans ta vie, et l’oublié et l’ignoré dans ta mort, c’est vers toi et vers tes pareils que je me retourne quand les tristesses de l’heure, les renoncements de l’époque, les reniements de la race et des religions nous accablent. Oui, c’est vers les obscurs que vont mes pensées, quand la cruauté des circonstances font les cœurs se serrer.