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Cependant, chaque fois qu’il détournait la tête,
Il voyait se dresser sur sa royale fête,
Comme en haut d’un Calvaire, une funèbre croix,
La tour de Saint-Denis, sépulture des rois !
Il eut peur de la mort, la mort, leçon suprême !
Plus grande que la vie et que le malheur même !…
Mais de cette faiblesse il racheta l’erreur
En la faisant servir à sa propre grandeur ;
Comme l’aigle suspend son aire dans l’espace,
Loin des bruits de ce monde il choisit une place
Où ne pénétrât pas l’austère vérité
Dont l’avertissement l’avait épouvanté…
Le sol était aride, il le rendit fertile ;
C’était presqu’un rocher, il en fit presqu’une île ;
En vain, pour repousser l’attaque du géant,
La nature partout opposait le néant ;
Sous sa loi créatrice et plus puissante qu’elle,
Il força de céder la nature rebelle ;
Il lui prit ses trésors qu’elle ne livrait pas ;
L’art fit jaillir au ciel l’eau qui manquait en bas ;
Puget sculpta la pierre, et Le Nôtre les arbres ;
Les dieux déprisonnés s’échappèrent des marbres,
Et le palais magique, aussitôt grand que né,
S’éleva radieux comme un front couronné.
Tout fut fait ; de Louis la volonté féconde,
Comme celle de Dieu quand il créa le monde,