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Dit : « Que Versailles soit ! » et Versailles sembla
En sortant du chaos répondre : « Me voilà ! »

Bientôt, lorsqu’abrégeant pour vous les jours d’attente
Dieu vous aura donné la vie intelligente,
Vous montrant ce palais on vous dira de lui
Ce qu’il était jadis, ce qu’il est aujourd’hui.
Alors vous comprendrez que, grand à son aurore,
La résurrection l’a fait plus grand encore ;
Vous comprendrez qu’il fut ainsi que le soleil
Qui décroît et renaît plus splendide au réveil.

Si noble que l’eût fait la main génératrice,
Versailles de Louis n’était que le caprice ;
Du sol jusques au faîte, en cet Escurial,
Partout apparaissait l’égoïsme royal.
Aussi, temple élevé pour le culte d’un maître,
Versailles ne fut plus quand Louis cessa d’être ;
L’autel fut renversé par l’idole !… Depuis,
Les jours passèrent là voilés comme des nuits ;
Seulement, au travers de ces nuits indiscrètes,
On entendit longtemps des musiques de fêtes.
Un jour tout s’arrêta, mais trop tard… En ce jour
Les chants ayant cessé les pleurs eurent leur tour.
Dieu retira sa main ; une grande colère
Fit monter jusqu’en haut l’océan populaire,