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Entrons, Prince, et voyez : Sur toutes ces murailles
L’Histoire a retracé ses fêtes, ses batailles,
Ses belles actions que l’on doit honorer,
Ses fautes qu’elle pleure et dont il faut pleurer.
Ici c’est le pinceau qui d’une vieille armée
Ranime la valeur sur la toile animée ;
Là, sous l’heureuse main des Phidias nouveaux,
Se réveille la pierre où dormaient les héros ;
Fidèlement liés à l’honneur de leurs maîtres,
Chacun d’eux est debout près d’un de vos ancêtres.
Duguesclin sur son roi semble encore veiller,
Bayard garde Louis douze et François premier ;
Auprès de Charles sept cette femme qui rêve,
C’est Jeanne, priant Dieu sur la croix de son glaive !
Je ne vous dirai pas sous quel noble ciseau
Ce marbre virginal est devenu si beau ;
Car alors votre juste et douloureux hommage
Pleurerait sur l’auteur, en admirant l’ouvrage !

Détournez-vous ; voici le salon de cristal
D’où s’échappait ce bruit de fête si fatal !…
L’Œil-de-Bœuf d’où sortaient aussi des chants sinistres,
Et la chambre où Louvois présidait les ministres ;
Ce lit qui les sépare est le lit sans sommeil
Où le grand roi veillait, envieux du soleil !