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Page:Doudan - Pensées et fragments, 1881.djvu/14

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PENSÉES ET FRAGMENTS.

que pourtant l’on a tort de blâmer. C’est blâmer le progrès même de la science morale. Je l’avoue, les détails, si l’on s’y attache trop, peuvent faire perdre de vue l’ensemble de l’homme, et les conditions essentielles de l’équilibre de sa constitution ; mais, tenus à leur rang, ils ont une grande valeur. L’esprit ne peut pas toujours s’arrêter aux grandes esquisses académiques. Il faut bien en arriver à cette variété de couleur, d’ombre et de lumière qui fait la physionomie individuelle.

Pour qui regarde l’homme et la nature — et tous y regardent souvent, bien que beaucoup y regardent confusément — cet homme et cette nature présentent successivement des couches diverses superposées, pour ainsi dire, les unes aux autres.

Les premières, naturellement, frappent d’abord les regards. Tous les traits vifs, simples et colorés ont été le texte des premières observations des peintres, des poètes et des moralistes. C’est la brillante surface de la nature humaine et de la nature proprement dite. Mais au-dessous de ce monde sensible, visible, tangible, éclairé de la pure lumière du jour sont, pour ainsi dire, les souterrains sur lesquels repose cette surface rayonnante de clartés. C’est dans ces profondeurs qui vont jusqu’aux abîmes que les littératures doivent descendre quand elles ont moissonné les champs qui sont à la lumière du jour. Ces littéra-