Page:Doumic - La Poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, 1898.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

antiques, il s’est efforcé de ressusciter la civilisation antique, la religion grecque dans les Poèmes barbares, il s’est efforcé de nous donner une idée suitout de la civilisation orientale, des religions hindoues, des vieux mythes. Et, vous voyez, là-dedans, quel rapport y a-t-il entre les vieux mythes hindous et Leconte de Lisle, bibliothécaire du sénat et candidat à l’Académie française ? Voilà le départ absolu que le poète arrive à faire entre lui et son œuvre. C’est justement le terme extrême à l’autre bout du romantisme, c’est justement le contraire de ce que le romantisme avait voulu faire.

L’œuvre de Leconte de Lisle marque une espèce de séparation dans l’histoire de notre poésie au XIXe siècle. Cela est à tel point que cette œuvre de Leconte de Lisle a influé sur l’œuvre de Victor Hugo, et que le Victor Hugo que nous allons voir mahitenant est un Victor Hugo transformé et très différent de celui dont je vous parlais l’autre jour.

L’autre jour, je vous ai parlé de Victor Hugo dans ses premiers recueils, à peu près jusque vers le temps de l’exil. Vous savez qu’au moment où se fonde chez nous le second empire, vers 1852, Victor Hugo ne veut pas rester en France ; il part en exil, il jure une haine implacable au nouveau régime, à celui qu’on appelle le second empire. Cet exil de Victor Hugo a eu une importance considérable, au point de vue de la transformation de son génie et au point de vue aussi de sa réputation. C’est à partir de ce moment que Victor Hugo a commencé à devenir pour les Français, non plus seulement un