Page:Doumic - La Poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, 1898.djvu/12

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2 l’REMiKRE (X)NFÉRENX’E vains du XIXe siècle, vous montrer ce qu’il y a, dans cette littérature moderne, de bon, d’inté- ressant et qui, je le crois, y)eut faire aimer davan- tage encore cette France. J’essaierai donc de vous retracer une histoire de la poésie lyrique en France, au XIXe siècle. Vous comprenez que, étant donné le peu de temps dont je dispose, je serai obligé d’être très bref: je m’en tiendrai aux grands écrivains, je tâcherai de mar- quer les grands courants. Vous savez que depuis deux cents ans la France n’avait pas de poésie lyrique : le XVIIe, le X Ville siècle, chez nous, ont été admirables pour l’éloquence, pour la philosophie, pour le théâtre, mais n’ont pas eu de poésie lyrique. A la tin du XVIIIe siècle, nous avions, en France, la parodie du lyrisme, la gesticu- lation lyrique, nous n’avions pas la poésie lyrique. Or, en 1820, et plus exactement, le 13 mars 1820, parut un mince recueil de vers. C’était un modeste volume contenant 116 pages, 24 pièces. C’était l’œuvre d’un inconnu, d’un jeune homme qui n’était même pas de Paris, et qui avait eu toutes les peines du monde à trouver un éditeur. Les éditeurs n’ai- ment pas beaucoup à publier des vers, parce que les vers, ça ne se vend pas. Mais, songez-y, les vers d’un jeune homme, les vers d’un inconnu, les vers d’un provincial, des vers qui, suivant le mot d’un libraire fameux d’alors et qui ne se doutait pas qu’il allait dire une sottise destinée à devenir fameuse, des vers qui ne ressemblaient aux vers de personne.