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les apprentis de l’armurier

L’hôtesse monta l’escalier de bois aux marches craquantes et frappa légèrement à la porte.

Rien ne répondit.

Repris de ses soupçons, Gaultier qui l’avait suivie souleva le loquet et passa la tête par l’entre-bâillement.

À la lueur fumeuse d’une lampe, il aperçut une femme, assise près de la table, le front dans sa main, et reconnut avec étonnement la pauvresse qu’ils avaient secourue sur la route d’Avignon. Succombant à la fatigue, elle s’était endormie. La lumière éclairait en plein son pâle visage, encadré de cheveux noirs, et où les larmes avaient creusé leurs sillons.

Sans doute elle faisait quelque beau rêve, car un sourire divin glissa sur ses lèvres et elle murmura faiblement.

— Guy ! mon fils !

Un respect religieux gonfla le cœur du jeune écuyer ; il fléchit le genou devant la mère de son seigneur, et refermant la porte avec précaution :

— Ne troublons pas son sommeil, dit-il avec émotion ; je sais tout ce que je voulais savoir.

— Oh ! Vous auriez bien pu l’éveiller ; elle n’aurait pas été fâchée d’avoir des nouvelles, elle était si inquiète, pauvre chère femme.

— J’attendrai son réveil, répondit Gaultier.

Puis, tirant ses tablettes de sa poche, il traça rapidement quelques lignes et les remettant à l’esclave immobile, attendant ses ordres :

— Tiens, Kadour, ce billet pour le seigneur comte ; je te le confie.

Le muet prit la main du jouvenceau, la posa sur son front en signe d’obéissance, et serrant le message dans un pli de sa ceinture, s’éloigna rapidement. Tranquille de ce côté,