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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/12

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les apprentis de l’armurier

lancoliquement la bonne vieille ; mais la chère mignonne n’en aura pas moins son voile. Il est terminé ; à mon âge, il ne faut rien remettre au lendemain, et, au premier mai prochain, elle le portera en mémoire de sa vieille amie, n’est-ce pas, Douce ?

La petite fille dont le visage angélique répondait à ce joli nom, remercia la vénérable aïeule, tandis que Guy, obéissant à l’ordre de sa grand’mère, étalait sur le lit le précieux tissu.

C’était une de ces magnifiques dentelles de Bruges, véritable ouvrage de fée, dans lequel des guirlandes de marguerites enchaînaient un lion majestueux, se jouant au milieu des fleurs.

La fillette joignit les mains avec admiration, tandis que son père s’extasiait sur la finesse des moindres détails.

— C’est trop beau, dame Véronique, c’est une parure de reine ! dit l’enfant.

— Vous ne croyez pas si bien dire, mignonnette ; j’ai fait le pareil pour une princesse…, une belle princesse… Voilà bien des années de cela !… J’avais gardé souvenance du dessin et je l’ai fait à votre intention, pour vous remercier de vos gentilles prévenances et de vos soins affectueux.

La petite, rouge de plaisir, ne savait comment lui exprimer sa reconnaissance.

— J’espère bien l’étrenner sous vos yeux à la prochaine Maye, dame Véronique, dit-elle avec effusion.

— La volonté de Dieu soit faite, répondit simplement la malade, en caressant la joue fraîche et veloutée de la fillette ; les vieux doivent faire place aux jeunes, et je voudrais bien n’être pas plus en peine du sort de ces pauvres enfants que du mien.