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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/143

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XVIII


Gaultier revenait lentement à la vie. Peu à peu ses sens engourdis se réveillaient : il comprenait ce qu’on lui disait, il reconnaissait ceux qui l’entouraient.

Cependant sa mémoire demeurait absente ; des événements tragiques qu’il avait traversés, il ne conservait aucun souvenir ; le nom même de Guy que lui donnait la douairière, ne lui rappelait rien. Le passé était mort, aucun vestige n’en survivait dans ce cerveau affaibli.

Il croyait avoir toujours vécu dans ce vieux manoir où tout lui semblait familier ; il n’évoquait pas d’autre visage que celui de la grand’mère, penchée anxieusement sur son lit.

Toujours présente à ses côtés, il s’était si bien habitué à la voir, pendant ses longs jours de fièvre et ses éternelles nuits d’insomnie, qu’il ne s’était pas étonné de la trouver là à son réveil, et il lui avait souri comme à une vieille connaissance.

Maître Ambroise, le vieux médecin de la noble famille,