Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
les apprentis de l’armurier

discutait la façon légèrement bizarre dont il était rentré dans son nom et son héritage.

Mais tout le monde ne devait pas être de si bonne composition, et les collatéraux, frustrés dans leurs espérances, ne devaient pas accepter si facilement la substitution.

Aussi la châtelaine résolut, sans tarder, de porter la question au pied du trône.

Une occasion se présentait de s’y rendre, sans donner l’éveil aux puissants ennemis du jeune comte.

Le roi Louis VIII était mort au retour d’une croisade contre les Albigeois, emporté par une épidémie, en traversant l’Auvergne, au village de Montpensier, réalisant ainsi la prophétie de Merlin :

« Le lion pacifique mourra dans le ventre de la montagne. »

Sa femme, Blanche de Castille, devenue régente, n’assumait pas là une tâche facile, et une ligue de mécontents, composée des premiers seigneurs du royaume, se forma pour lui arracher la tutelle du jeune roi et empêcher son sacre immédiat, sous prétexte que les pairs n’étaient pas en nombre suffisant et qu’il fallait d’abord mettre en liberté ceux qui étaient détenus depuis Bouvines.

« Mais la reine, qui étrange femme était, et que oncques ne pouvait fouler », ne prit conseil que du légat et passa outre.

Le sacre du roi Louis IX fut donc décidé pour le 29 novembre, et la dame de Dampierre résolut de profiter de cette solennité pour se rendre auprès du jeune roi et lui présenter son petit-fils.

La veille de cette imposante cérémonie, une multitude de prêtres, de laïques, de nobles et de vilains se pressaient aux portes de la cité de saint Rémi, venant de tous les points du royaume.

Les hôtelleries regorgeaient et la figure de leurs proprié-