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les apprentis de l’armurier

— Les sentiments de famille, messire…

— Je m’incline, madame.

— Et puis… la prudence… Marguerite a pu trouver aide et secours. Parmi toute cette noblesse réunie pour le sacre, on compte plus d’un ami de mon père : le vieux roi, Jean de Brienne, son compagnon d’armes, ne refuserait certainement pas assistance à sa fille chérie… On peut circonvenir la Reine Blanche… Que sais-je, moi ! D’un autre côté, si la Régente, pour me faire pièce et dommage, s’avisait de rendre la liberté à mon époux, l’existence de mon neveu et héritier servirait de frein puissant à l’ambition du comte Ferrand et le tiendrait sous ma dépendance.

— Mais ce damoiseau ne vous tiendrait-il pas sous la sienne ?

— Non, car j’exigerai d’abord de sa mère et de lui une renonciation complète et absolue à tous leurs droits.

— Je reconnais là votre haute sagesse, madame.

— Seulement, il faut se hâter pour mener à bien cette entreprise. Cette nuit même, Marguerite et son fils devront être conduits ici et n’en sortiront que soumis ou…

— Je comprends…, mais le moyen ?

— C’est votre affaire. Après deux échecs aussi complets… vous avez une revanche à prendre.

— Hum ! ce sera difficile.

— Vous êtes adroit.

— Lui aussi… et chat échaudé craint l’eau froide.

— Bon ! vous vous vantiez d’en avoir si aisément raison ! c’était donc une fanfaronnade ?

— Non, je ne m’en dédis pas… je chercherai.

— Cherchez, vous trouverez.

…Harwelt trouva sans doute ; car, deux heures après, il se présentait, sous son habit de franciscain, à l’auberge du Grand Saint-Rémi et demandait une chambre.