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les apprentis de l’armurier

— Vous aviez prévu le coup, madame, murmure Harwelt qui l’accompagne et devine son dépit ; heureusement il est paré, et votre neveu sera un épouvantail utile pour le comte Ferrand.

La porte s’ouvre.

— Messire Guy de Dampierre, Sa Majesté vous prie de faire bon accueil à votre tante.

Jeanne chancelle ; elle contemple, égarée, dans une indicible stupeur, l’enfant qui s’avance vers elle.

Ce n’est pas celui dont elle a reçu le serment ; ce n’est pas celui qu’elle a tenu dans sa main, et pourtant Marguerite l’appelle mon fils ; lui la nomme, ma mère.

A-t-elle donc été jouée ?

Elle veut parler, ses lèvres tremblantes ne laissent passer aucun son.

— Ce n’est pas lui ! bégaye-t-elle enfin avec effort.

— Eh ! non, mort diable ! c’est son écuyer ! jure Harwelt, sans souci de scandaliser ses voisins.

— Mon écuyer, le voici ; répond le jeune comte, en désignant le vrai Gaultier qui s’incline avec un respect affecté. S’il a dignement rempli le rôle d’un gentilhomme, c’est qu’il en a les sentiments mieux que beaucoup.

— Ce drôle s’est moqué de nous, gronde Harwelt.

— Patience ! murmure la comtesse en reprenant son sang-froid, et en s’asseyant droite et hautaine, près de sa sœur.

Le majestueux prélude de l’orgue impose silence à tous les assistants.

Le roi fait son entrée, deux évêques à ses côtés, et prend place dans le chœur.

Un profond recueillement se reflète sur les traits du futur saint Louis.

Il n’a pas douze ans, mais il est déjà grand en piété et