tis, Gaultier se bornait à regarder ses compagnons ramasser les piécettes.
— Pourquoi ne profites-tu pas de l’aubaine ? disait l’armurier.
— Il faudrait se baisser, répondait simplement le jeune garçon.
Hugonet, bien que propre neveu du digne patron, n’avait pas de ces délicatesses ; il se jetait à quatre pattes, étendant ses longs bras comme un grand faucheux et criant : « C’est à moi ! c’est à moi ! » lorsque Guy, plus par malice que par intérêt, envoyait rouler du pied quelque sou au bout de l’atelier.
Hugonet était fort mauvais camarade : fourbe, paresseux, avare, il abusait de sa parenté pour charger ses compagnons de toutes les corvées désagréables, brouillant leurs outils, salissant leur établi, gâtant leur travail, et leur attirant force réprimandes et reproches injustes, qui retombaient surtout sur le pauvre Guy, sa véracité plus que douteuse enlevant tout crédit à ses protestations.
— Tu as de la chance, toi, disait-il à son frère : dès que tu déclares : « Ce n’est pas moi, » maître Lansac te laisse tranquille ; mais moi…
— C’est que ta mauvaise habitude te rend suspect, même quand tu dis vrai, mon pauvre Guy.
— Bon ! que l’on te croie mieux que moi, c’est tout naturel ; mais ce fourbe d’Hugonet, avec sa façon hypocrite de soupirer : « Guy est si menteur ! »
Il ne l’était pas, lui ! Oh ! non ! Au contraire, il s’accusait franchement de peccadilles…, et l’on ne soupçonnait pas qu’il pût dissimuler une faute grave.
Mais Gaultier n’était pas plus dupe de sa feinte sincérité que de ses airs de matamore.