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la vierge du sabotier

Christian, lui, ne dit rien ; mais feignant de prendre un lourd marteau placé au-dessus de l’établi de Frantz, il le laissa tomber maladroitement… ou adroitement sur la statuette.

Frantz poussa un cri ! Il croyait la vierge brisée.

Il n’en était rien ; mais, sous la violence du coup, le socle s’était ouvert, laissant voir un ressort caché, et un rouleau de papier jauni venait d’apparaître…

Frantz le saisit et lut : « Pour mon fils. »

Il l’ouvrit ; une liasse de billets de banque s’en échappa…

« Qu’y a-t-il donc ? interrogea Suzel qui entrait au bruit.

— Il y a, dit le vieux Michel, que nous étions tous des sots de nous moquer de Verner et de ses statuettes et qu’il avait raison de dire que Frantz n’aurait pas besoin de travailler. »

Christian, saisi, regardait Frantz compter son trésor.

Jamais il n’avait vu tant d’argent.

«. Oh ! mon père, mon père, comme je te remercie ! grâce à toi, je vais pouvoir sauver ceux qui t’ont remplacé près de moi ! »

Et déposant toute sa fortune sur les genoux du vieillard :

« Prenez, mon maître, tout cela est à vous, payez vos dettes, vivez heureux et tranquille. Suzel, ma chère sœur, vous ne serez plus forcée d’épouser Christian. Voilà votre dot, et maître Wonguen consentira à votre mariage avec Pierre Ritcher ; il n’est pas riche, mais vous l’êtes maintenant pour deux, et je travaillerai jusqu’à mon dernier jour pour vous et vos petits enfants ! »

Il riait, il pleurait, le brave garçon, s’oubliant pour ne songer qu’à celle qu’il aimait.

« Ah ! çà, mauvais boiteux !… »

Mais Suzel intervint :