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la vierge du sabotier

« Assez, Christian, vous savez bien que je ne vous aime pas, et vous avez si durement abusé de ma tendresse filiale pour violenter mon cœur que je n’ai pas pitié de vous… Vous n’avez eu ni la noblesse, ni la générosité de Frantz, de Frantz qui m’aime bien plus que vous et qui ne pense pas à lui, qui se sacrifie, sans réclamer aucun salaire ! Seulement, vous vous trompez, Frantz, ajouta-t-elle doucement ; celui que j’aime, ce n’est pas Pierre Ritcher, c’est vous ; et c’est vous que j’épouserai, mon ami, si mon père y consent et si vous le voulez bien. »

S’il le voulait bien ?

Pauvre Frantz ! Il ne pouvait croire à tant de bonheur ; il baisait mille et mille fois les petites mains de son amie ; il lui répétait qu’il l’aimait depuis longtemps, depuis toujours.

Puis tous deux s’agenouillèrent devant le fauteuil du vieux Michel, qui les bénit en pleurant de joie.

Quant à Christian, il sortit en frappant la porte avec colère ; mais, dame ! le bonheur des uns fait souvent le malheur des autres.