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en wagon

et cassante ; ordonnant simplement au fils de cesser immédiatement toutes relations avec ces dames.

L’officier répliqua qu’il était engagé, que la mère de sa jeune amie ayant été subitement enlevée par le choléra, il avait dû se déclarer plus vite qu’il n’eût voulu.

« Vous ne deviez prendre aucun engagement sans me consulter, je refuse absolument d’y accéder et vais demander au ministre votre envoi aux Antilles ou à Madagascar. »

Prières, supplications, tout vint se briser contre cette volonté de fer. Ancré dans ses idées autoritaires, l’entêté vieillard ne voulut rien entendre et devint encore plus inaccessible après le refus poli de l’amiral à sa demande.

Enfin, dans une dernière lettre, aussi ferme que respectueuse celle-là, le jeune enseigne, devenu lieutenant à la suite d’un nouveau fait de guerre, déclarait à son père qu’il avait donné sa parole et le suppliait de ne pas le forcer à la première désobéissance de sa vie.

M. de Lornec demeura pétrifié devant une pareille audace, puis s’asseyant à son bureau, d’une main que la colère rendait tremblante, il répondit à son fils : Monsieur, un homme d’honneur ne doit pas, en effet, manquer à sa parole. Mariez-vous, puisque la loi vous permet ce que votre père vous défend. Mais, souvenez-vous qu’il n’y a plus rien de commun entre nous ; à compter de cette heure, vous êtes mort pour moi ; que jamais je n’entende parler de vous ni des vôtres…

Dès lors, il se cloîtra complètement dans sa solitude, ne recevant plus personne et Duriol, ce prophète de malheur, moins que tout autre. Alain, un enfant du pays, vieilli à ses côtés, lui servant jadis d’ordonnance, plus tard de valet de chambre, était sa seule compagnie et respectait le religieux