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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/263

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Les Marrons du Feu


Pierre Levers a dépassé la cinquantaine, mais en dépit des fils d’argent qui se mêlent à son abondante chevelure noire, rejetée en arrière et découvrant un large front de penseur et d’artiste, il a encore bon pied, bon œil ; et lorsqu’on le voit, suivi de son vieux chien, gravir lestement le coteau, portant allègrement son chevalet et sa boîte de couleurs, et parcourir tout le jour son cher bois d’Écouen dont il connaît les moindres replis, on peut, sans désavantage, le comparer à ses jeunes confrères, qui, pour la plupart, n’ont ni sa vigueur infatigable, ni son jarret de fer.

Au physique, Levers est grand, robuste, sa barbe grise encadre des traits énergiques éclairés par des yeux bleus très doux. Au moral, c’est un cœur d’or, une âme sans fiel ; il a toutes les qualités de l’artiste sans aucun de ses défauts.

Sa vie, toute d’honneur, peut être donnée comme modèle à ceux qui n’admettent l’art que légèrement débraillé,