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les marrons du feu

Il se retourna avec un peu d’humeur. C’était un beau jeune homme, l’air distingué, la tournure élégante, la boutonnière ornée du ruban rouge…

« Bonjour, Antoine, vos parents vont bien ?

— Oui, monsieur ; et ils seront bien contents de votre visite. »

Antoine Duford avait tenu les promesses de son enfance ; revenu du Tonkin avec la croix d’honneur, il y avait six mois, il occupait déjà une situation importante au Nord, et ses chefs lui prédisaient un brillant avenir.

Excellent fils, il avait fait bâtir dans ce petit coin, cher aux vieux, une gaie maisonnette, mirant ses volets verts dans la jolie rivière où l’ancien garde-barrière s’amusait à pêcher à la ligne, en regardant machinalement le passage des trains.

Antoine passait là tous ses dimanches, et Levers et sa pupille, dont c’était la promenade favorite, l’y rencontraient souvent.

» Entrez donc vous rafraîchir, monsieur Levers, cria le brave homme, apparaissant sur sa porte.

— Merci, père Duford, tout à l’heure, je tiens à saisir mon effet de soleil. Promenez-vous en attendant, jeunes gens. »

Et il s’installa à son chevalet.


✽ ✽

« Qu’avez-vous donc aujourd’hui, Antoine, j’arrive toute joyeuse et je vous trouve boudeur, mécontent.

— Je n’ai rien…

— Je vous apporte cependant une bonne nouvelle ; mon tuteur nous a devinés, j’en suis sûre, vous pourrez faire votre demande.

— Vraiment.