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dans la sierra

Et elle suppliait la lune, dont la pâle clarté entrait par la fenêtre, de ne pas se cacher pour éclairer les pas de son ami.

 

On gratte à la porte.

« C’est moi, Mercédès, ouvre vite. »

Elle bondit vers le jeune homme.

« Eh bien ?

— Eh bien, il y a quelqu’un dans la grotte, j’ai vu une ombre noire, j’ai entendu compter de l’or…

— C’est l’assassin, bien sûr…

— Je l’ai pensé et je suis descendu en courant pour t’avertir.

— Malheureux ! il se sera échappé !

— Pas de danger, j’ai retiré doucement la pièce de bois qui sert de pont et, à moins qu’il n’ait des ailes…

— Oh ! mon cher Pedro…

— Je ne suis pas si bête qu’on dit, vois-tu.

Non, et tu vaux mieux que tous, va.

— Voyons, que faut-il faire ? »

Mercédès réfléchit un moment.

« Va chez l’alcade,… non, il ne te recevrait pas… ; chez le guide Lopez, c’était un ami de mon père…, non, il ne te croirait pas…, je vais avec toi… »

Sans perdre un instant la jeune fille alla réveiller, les uns après les autres, les guides de la Sierra et les mit au courant.

D’abord ils ne voulaient pas la croire, bientôt entraînés par sa conviction ils se décidèrent.

Bientôt tout le village fut en rumeur, les portes et les fenêtres s’ouvraient, seules celles de la Maladetta restaient closes…

Cédant aux ardentes prières de la fille du prisonnier, une troupe nombreuse, armée de torches, se dirigea vers la montagne.