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les apprentis de l’armurier

le fils de ma sœur vivait, s’il possédait les preuves de sa naissance…

— Le fait est facile à vérifier, et, s’il vous plaît, madame, de m’octroyer un congé d’un mois, avant ce terme je vous rapporterai l’assurance que l’enfant n’existe pas… ou qu’il n’existe plus…

— Pas de meurtre inutile, Hartwelt ; s’il n’a aucun soupçon de la vérité, aucun moyen de la découvrir, laisse-le vivre.

— Mais dans le cas contraire ?

— Dans le cas contraire…

Elle hésita un instant, puis avec un geste décidé :

— Fais ce que tu voudras, dit-elle ; mais rappelle-toi que je ne veux pas de neveu pour héritier.

— Il suffit, madame.

Hartwelt s’inclina respectueusement et sortit.

Jeanne rentra dans son appartement et la vaste pièce demeura vide.

Alors, une tenture s’écarta doucement, et la tête pâle et effarée de maître Randaël se montra avec précaution.

Demeuré en arrière de ses compagnons, il s’était égaré dans les détours du palais, et, ne trouvant personne pour le renseigner, il était revenu, sans s’en apercevoir, à son point de départ.

La voix de la comtesse l’avait averti de sa méprise et il allait prudemment s’éloigner, lorsque quelques mots, frappant son oreille, l’avaient cloué, tremblant d’être découvert, à son poste d’observation, mais résolu à tout entendre.

Rassuré par le silence et la solitude, il sortit de sa cachette, et secouant sa tête :

— Voilà un secret d’État qui peut faire ma fortune ou causer ma ruine ! murmura-t-il, Randaël, mon ami, méfie-toi de ton ambition.