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les apprentis de l’armurier

Le bruit continuait !… Ce que j’ai eu peur !… Vrai, si je n’avais pas été couché, je me serais cassé le nez par terre. Je croyais voir grand’mère là, dans son fauteuil, et je n’osais pas regarder…

— Pourquoi cela, mon Guy ? Elle nous aimait tant qu’elle ne serait pas revenue pour nous faire du mal.

— Hein ! tu crois…

— Enfin il n’y avait personne ?

— C’est ce qui te trompe.

— Qui donc ?

— Ce scélérat d’Hugonet qui promenait ses vilaines mains noires sur cette chère et pieuse relique. Oui, il avait dû nous épier hier, et ce matin, nous croyant sortis ensemble, il faisait une perquisition chez nous. Le drôle avait même découvert le secret.

— Mon Dieu ! tes titres, la lettre !

— Je dois lui rendre cette justice que toute son attention était concentrée sur l’argent, qu’il tirait de la bourse et faisait passer dans ses chausses, avec une tranquillité qui n’a eu d’égale que sa terreur en se voyant découvert et forcé de réintégrer la somme… À propos, tu ne sais pas ce qu’il y avait au fond de la bourse ? ajouta Guy d’un ton singulier.

— Quoi donc ?

— Un des scapulaires de grand’mère…

— Sans doute elle l’avait placé là pour éloigner les voleurs.

— C’est une sainte relique qui ne me quittera pas, dit gravement Guy, et s’il m’arrivait malheur (il faut tout prévoir), tu le détacherais de mon cou et tu le conserverais en mémoire de moi… Tu me le jures ?

— Volontiers, mais quelle idée !…