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les apprentis de l’armurier

— C’est de nous que parlait ce farouche cavalier, dit-Guy à son frère.

— Assurément. Il est à notre poursuite…

— Qui cela peut-il être ?…

— Un agent de ton aimable tante, bien sûr ?

— Sans maître Pierre, nous étions perdus ! Diras-tu encore que j’aie eu tort d’accepter ses offres ?

— Non certes, et il ne se doute pas du service qu’il nous rend. Mais ce cavalier ne m’est pas inconnu… Où ai-je déjà vu cette laide figure ?…

— Tu as de jolies connaissances !

— J’y suis !… C’est le moine de Saint-Trophime… le même que j’avais déjà remarqué.

— Alors cela confirme nos soupçons. C’est décidément un émissaire de la comtesse Jeanne. Par tous les Saints, je ne serais pas fâché d’être ailleurs ! ce voisinage me déplaît fort.

Comme s’il eût entendu ce souhait, maître Pierre revint vers les deux amis et leur annonça que, tout bien considéré, on repartirait, le jour même… Nouvelle qui leur causa une vive satisfaction.

On se remit donc en route, à cheval cette fois ; Guy en croupe derrière l’armurier et Gaultier derrière son valet.

Maître Pierre était fort pressé de regagner ses pénates ; aussi ne perdait-on pas un instant, doublant les étapes et s’arrêtant seulement pour manger et pour dormir.

Cette manière de voyager était très rapide mais très fatigante, et fort peu du goût du pauvre Guy qui, exécrable cavalier, faisait des bonds désordonnés, s’accrochait désespérément à la ceinture du respectable bourgeois qu’il tenait embrassé de la façon la plus tendre, et manquait à chaque instant de se laisser choir.