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les apprentis de l’armurier

— Voyons, n’ayez donc pas peur et ne m’étouffez pas ainsi, répétait le brave homme, essayant vainement de se dégager. Prenez donc modèle sur votre frère : il est ferme en selle comme s’il n’avait fait que cela de sa vie, tandis que vous vous tenez comme un lourdaud, comme un croquant qui n’a jamais monté même à bourrique !…

— Dame, voilà la première fois que j’ai recours à d’autres jambes que les miennes ; c’est ma première leçon d’équitation…

— Ce ne sera pas la dernière : il est indispensable de savoir monter à cheval.

— Pour fourbir une épée ou aiguiser une dague ? interrogea Guy de son air le plus naïf.

Maître Pierre ne répondit pas.

On gagna Nevers.

La ville était en liesse ; une foule nombreuse se pressait dans les rues en criant : Noël ! Et nos voyageurs pouvaient à peine avancer.

Maître Pierre s’informa de la cause de cette affluence ?

C’était, lui dit-on, pour fêter le mariage de la comtesse Mahaut, fille du feu comte de Nevers, Pierre de Courtenay.

— Ce Pierre de Courtenay a eu une fin tragique, expliqua l’armurier aux jeunes orphelins : il est mort à la croisade, en se rendant à Constantinople pour succéder à son beau-frère, l’empereur Baudouin.

— La couronne impériale porte malheur à qui la touche, dit une voix grave.

Le bourgeois se retourna vivement.

Celui qui avait parlé était un vieillard vêtu en pèlerin, le chapeau garni de coquillages et le bourdon à la main.

Il s efforçait vainement de percer les rangs des spectateurs.