Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/105

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me des prophéties, ſont ſur le compte d’Eſdras & des autres compilateurs. C’étoient de ſimples éclairciſſemens qu’ils avoient ajoutés au texte & qui inſenſiblement ont paſſé dans le texte par l’ignorance ou la ſuperſtition des copiſtes : mais le fond de l’hiſtoire eſt toujours de Moyſe & eſt toujours l’ouvrage du Saint Eſprit.

On peut fort bien parler de foi à la troiſieme perſonne, mille gens n’ont point écrit autrement leur hiſtoire. A l’égard des variations, des erreurs de datte & même de faits dont Spinoſa fait tant de bruit, nos ſavans interpretes trouvent le moyen de ſauver tout cela : voyez le P. Calmet, Simon, Dupin.

Laiſſons, conclud notre Critique, laiſſons les Maſſoretes adorer ſuperſtitieuſement la lettre. Que l’Ecriture, quant au dogme, ſoit une choſe ſacrée, inaltérable ; mais quant à l’hiſtoire, ce ſont des hommes qui l’ont écrite ; ils ont pu ſe tromper & ſe ſont trompés.

Il eſt étonnant, continue-t-il, qu’on veuille ſoumettre la raiſon, cette lumiere toute céleſte, qui eſt le plus beau préſent que Dieu ait fait aux hommes, à des lettres mortes, & que l’ignorance ou