Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/109

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Il vient un homme qui ſe dit envoyé de Dieu pour ſouſtraire les Hébreux à la domination des Egyptiens, pour les affranchir du joug des hommes & les ſoumettre à Dieu ſeul. Cet homme ſans ambition ſe fait appeller modeſtement l’homme de Dieu, pour exercer en ſon nom la ſouveraineté ; & d’abord il porte ſon Peuple à faire une alliance avec Dieu, une alliance purement paſſive & à lui jurer une obéiſſance aveugle. L’Empire des Hébreux au moyen de cette alliance (ex vi pacti) devient donc à juſte titre l’Empire de Dieu. Dieu ſera déſormais le Roi des Hébreux ; leurs ennemis ſeront les ſiens ; & les ambitieux qui voudront uſurper le ſceptre ſeront criminels de Lèze-Majeſté divine au premier chef : car Dieu eſt un Dieu jaloux : vous n’aurez point d’autres Dieux devant moi &c. Ainſi chez les Hébreux le droit civil & le droit divin ſe trouvoient confondus, ou n’étoient que la même choſe. Les dogmes de la Religion n’étoient plus de ſimples préceptes, mais des loix de la Monarchie. La piété proprement étoit une vertu civile, & l’impiété un crime d’Etat. Quiconque abjuroit la Religion perdoit la qualité de Citoyen, &