Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/110

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n’étoit plus regardé que comme un ennemi de la nation ; quiconque au contraire mouroit pour ſa Religion étoit réputé mort pour ſa patrie. Voilà quelle étoit la Théocratie des Hébreux, gouvernement unique & l’ouvrage de Moyſe.

Rien de mieux ſuivi que ce plan. La milice des Hébreux n’étoit composée que de citoyens. Qui in caſtris miles, in foro judex erat, & qui in caſtris dux, in curia judex. On ne ſouhaitoit la guerre que pour avoir la paix & pour défendre ſa liberté contre des voiſins jaloux qui cherchoient à l’opprimer. Vid. Spinos. C. XVII. pag. 200.

L’amour que les Hébreux avoient pour leur patrie, n’étoit point, comme chez les Romains, une ſimple vertu civile, mais un devoir de piété, un principe de Religion qui ſe fortifioit tellement chez eux qu’il paſſoit bientôt en nature avec ſa haine qu’ils croyoient devoir à tout ce qui n’étoit point Juif : car depuis que les Juifs eurent tranſporté à Dieu tous leurs droits naturels ; depuis qu’ils crurent que leur Empire étoit celui de Dieu même ; qu’ils étoient ſeuls ſes enfans, & que toutes les autres nations étoient ſes ennemis déclarés, ils ne pouvoient manquer de