Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/111

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déteſter les nations & de regarder cette pieuſe haine comme un devoir de Religion. Ces diſpoſitions peu convenables néanmoins à l’eſprit de Dieu qui n’eſt que charité, tournoient au bien du gouvernement ; ils en étoient plus unis entre eux & meilleurs. Auſſi dans tout le tems que dura la Théocratie, ou la République des Hébreux, il n’y eut qu’une guerre civile ; & ſous les Rois d’Iſraël on ne voit que ſchiſmes & que diviſions. C’étoit encore par le même eſprit qu’on n’exiloit aucun citoyen parmi les Hébreux, & que chacun étoit propriétaire perpétuel de ſes biens : car quand quelqu’un avoit été obligé d’aliéner un fonds ou d’abandonner ſon champ, il rentroit, au Jubilé, de plein droit dans tous ſes biens.

Vous n’avez pas beſoin de mes réflexions pour ſentir où tend tout ce ſyſtême de Spinoſa. Jamais la politique humaine n’a rien imaginé de ſi merveilleux que cette Théocratie ; mais voyez que d’eſprit ce méchant homme donne à Moyſe.

Car, dit-il ailleurs, toujours en parlant des Juifs, Ratio bene vivendi, ſive vera vita deique cultus & amor, iis magis ſervitus, quam vera libertas, deique