Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/24

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Pélagien & par conséquent je vous aurois déplu & vous m’auriez également damné ; après cela vous venez me faire ce tendre reproche, quid potui tibi facere, vinea mea, & non feci ? Ce que vous avez pu faire & que vous n’avez point fait, le voici, me donner la grace de la priere. Les Théologiens répondront pour Dieu en diſant qu’il a donné des ſecours ſuffiſans. Iſraël répliquera ; ſans examiner ce que vous étiez obligé de faire pour moi, & ſi m’ayant créé pour votre gloire, pour vous aimer, vous ſervir, vous adorer, vous n’étiez pas obligé de me donner des ſecours efficaces, puiſque ſans eux je ne vous ai ni aimé, ni adoré, ni glorifié, but que vous aviez pourtant en me créant ; cependant ſans, dis-je, examiner cela, qu’appellez-vous des ſecours ſuffiſans ? des ſecours qui n’ont point ſuffi : Mais, mon Dieu, vous me jouez ; vous ne me donnez pas la moitié de ce qu’il me faut, ce n’eſt pas moi, c’eſt vous qui me tuez.

Ces ſecours n’ont été inſuffiſans que parceque vous les avez négligés, o Iſraël ! Mais je ne les ai négligés que parceque je ne les ai point employés ; je ne les ai point employés que parce que je n’ai