Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/67

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qu’on immole les défenſeurs de ces opinions, non au ſalut public & à la ſociété, mais à la paſſion & à la cruauté de leurs adverſaires. Il ajoute que ſi l’on ne puniſſoit que les actions, & que les diſcours fuſſent impunis, jamais on ne verroit arriver de pareils troubles, & que les diſputes de Religion n’aboutiroient point, comme elles font ſouvent, à des révoltes & à des guerres. Enfin il ſoutient qu’il eſt permis d’examiner l’Ecriture-Sainte comme un autre livre, & que c’eſt un abus de poſer, comme un fondement néceſſaire pour en avoir l’intelligence, & pour en pénétrer le vrai ſens, qu’elle eſt par tout véritable & toute divine, ce qu’on ne pourroit, dit-il, affirmer qu’après un profond examen & une parfaite intelligence.

Voilà les principaux paradoxes contenus dans ſa préface. Je laiſſe à votre religion & à vos lumières à vous défendre contre ces argumens ; car je ne ſuis ici que l’hiſtorien de Spinoſa. Ce qu’il y a de ſingulier, c’eſt qu’il ſoumet bonnement ſon livre à l’examen & au jugement des Puiſſances ſouveraines de ſon Pays : mais auſſi il écrivoit à la Haye « Nam ſi quid horum quæ dico judicabunt