perſuadés que leur imagination avoit beaucoup de part aux viſions qui leur arrivoient, qu’ils s’en défioient ſouvent & demandoient à Dieu des ſignes ſenſibles pour s’aſſurer de la vérité des révélations : Da mihi Signum ut ſciam quod tu mecum loqueris, diſoit Gédéon. Abraham dans la Géneſe demande à Dieu la même choſe.
Si nous conſidérons le caractère des Prophêtes (c’eſt toujours Spinoſa qui raiſonne) nous le trouverons ordinairement conforme au génie & à la condition des Prophètes. Ce caractère eſt différent dans chacun d’eux, & ſans doute varioit, ſuivant la diſpoſition du tempérament, de l’humeur & de l’imagination de chaque Prophête.
Nous avons des Prophètes gais qui étoient d’une humeur agréable & naturellement portés à la joie. Ceux-ci n’annoncent que des hiſtoires & des fêtes. Il y en a de triſtes & d’atrabilaires, ceux-là ne prédiſent que des maux, des guerres & des vengeances. On en remarque de lettrés qui ſont éloquens & ſublimes ; d’autres ſont obſcurs, confus & rampans : l’un élevé dans les champs ne parle que de bœufs, de troupeaux & tire les ima-