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jim harrison, boxeur

— À propos, puisque me voici à Friar’s Oak, il y a une autre petite affaire que j’aurais à terminer, dit-il. Il y a ici, je crois, un lutteur nommé Harrison, qui aurait, à une certaine époque, été capable de détenir le championnat. En ce temps-là, le pauvre Avon et moi, nous étions ses soutiens ordinaires. Je serais enchanté de pouvoir lui dire un mot.

Vous pouvez penser combien je fus fier de traverser la rue du village avec mon superbe parent et de remarquer du coin de l’œil comme les gens se mettaient aux portes et aux fenêtres pour nous regarder.

Le champion Harrison était debout devant sa forge et il ôta son bonnet en voyant mon oncle entrer.

— Que Dieu me bénisse, monsieur ! Qui se serait attendu à vous voir à Friar’s Oak ? Ah ! sir Charles, combien de souvenirs passés votre vue fait renaître !

— Je suis content de vous retrouver en bonne forme, Harrison, dit mon oncle en l’examinant des pieds à la tête. Eh ! Avec une semaine d’entraînement vous redeviendriez aussi bon qu’avant. Je suppose que vous ne pesez pas plus de deux cents à deux cent vingt livres ?

— Deux cent dix, sir Charles. Je suis dans la quarantaine ; mais les poumons et les membres sont en parfait état et si ma bonne femme me déliait de ma promesse, je ne serais pas longtemps à me mesurer avec les jeunes. Il parait qu’on a fait venir dernièrement de Bristol des sujets merveilleux.

— Oui, le jaune de Bristol a été la couleur gagnante depuis peu. Comment allez-vous, mistress Harrison ? Vous ne vous souvenez pas de moi, je pense ?

Elle était sortie de la maison et je remarquai que sa figure flétrie — sur laquelle une scène terrifiante de jadis avait dû imprimer sa marque — prenait une expression dure, farouche, en regardant mon oncle.